REBOND DU TOP 100 DE LA CHIMIE MONDIALE
Les ventes totales des 100 premières entreprises chimiques mondiales se sont bien redressées en 2021 grâce à la forte reprise économique qui a suivi les confinements imposés par la pandémie de Covid-19.
La crise énergétique apparue dès la fin 2021 et exacerbée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 représente toutefois un nouveau défi pour la Chimie, en particulier européenne.
En 2021, la chimie mondiale a pu profiter d’un environnement économique plus favorable grâce à la levée progressive des mesures de confinement liées au COVID-19 et à une forte demande des marchés industriels et des consommateurs.
Cette reprise globalement significative a été plus modérée selon les régions, ternie par de nouveaux épisodes de la pandémie (notamment en Chine et en Europe), des évènements climatiques dans le Golfe du Mexique aux Etats-Unis et des contraintes persistantes d’approvisionnement et de logistique issues des tensions sur l’offre.
La forte croissance économique mondiale a en effet provoqué une accélération des prix des matières premières et de l’énergie (pétrole, gaz et électricité) à des niveaux inédits, mouvement qui sera amplifié par l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022.
En volume, la production chimique a pu se redresser de 6,7 % en 2021 (après -0,6 %) dépassant de 6,5 % son niveau moyen de 2019. En valeur, tiré par la demande et les hausses de prix, le chiffre d’affaires de la chimie mondiale a augmenté de plus de 15 % sur un an en euros (après une chute de 5 %), hissant les ventes à plus de 4.000 milliards d’euros en 2021.
Le classement de la revue américaine ICIS* des 100 premiers groupes chimiques mondiaux confirme cette année record avec une hausse des chiffres d’affaires cumulés de près de 24 % en euros par rapport au classement 2020, leur contribution au chiffre d’affaires mondial remontant à 26 % comme en 2019.
La reprise a été généralisée à l’ensemble des producteurs de produits chimiques de base et de spécialités. On notera toutefois des performances supérieures pour ceux situés en amont tels que la pétrochimie et les engrais, qui ont affiché des hausses de chiffres d’affaires souvent supérieures à 50 % en lien avec les hausses de prix des produits énergétiques.
Le classement des groupes par continent scelle également la place de leader de l’Asie comme premier marché mondial, avec 37 % des ventes totales devant l’Amérique et l’Europe (à respectivement 30 % et 27 % du chiffre cumulé du classement). La Chine est surtout représentée par le Groupe Sinopec qui se maintient au deuxième rang derrière l’allemand BASF et devant l’américain Dow. Un autre groupe chinois Rongsheng Petrochemical, a fait une remontée de 10 places pour se retrouver en 21e position en 2021, à la suite d’un doublement de la capacité de son complexe de raffinage et pétrochimique de Zhejang.
Beaucoup de groupes japonais ont à l’inverse perdu des positions dans le classement. Certains comme le leader Sumitomo Chemical, ont réduit leur portefeuille ou d’autres comme Mitsubishi Chemical Group se recentrent sur des activités de spécialités pour monter en gamme, tous cherchant à rester compétitifs face à la concurrence des nouvelles capacités en Chine. Le groupe Shin-Etsu Chemical a pour sa part résisté grâce à son activité semi-conducteur sur laquelle il prévoit de nouveaux investissements sur ses sites au Japon.
Les groupes représentant la chimie européenne ont consolidé leur position dans le classement profitant de la reprise mondiale au moins jusqu’au troisième trimestre de l’année qui marque le début de la forte hausse des prix du gaz naturel. Par la suite, l’impact de la guerre de la Russie en Ukraine sur les marchés et sur l’approvisionnement en gaz, touchera davantage l’Europe du fait de sa proximité géographique et de sa dépendance énergétique. Et c’est déjà visible dans les résultats de production avec une récession pour la chimie européenne en 2022.
Top 100 des groupes chimiques mondiaux
Classement établi selon les chiffres d’affaires convertis en dollars portant sur les activités chimiques des sociétés mondiales en 2021. Le Top 100 n'inclut pas les gaz industriels, les engrais et la pétrochimie intégrées en amont de certaines compagnies pétrolières qui ont cessé de les publier séparément des activités du raffinage.