KIMIALYS : Améliorer la performance et repousser les limites des tests diagnostiques et analyses in vitro
L'univers du test diagnostique in vitro s'apprête à gagner en efficacité grâce à Kimialys et son traitement innovant appliqué aux capteurs. Une solution à fort potentiel de développement qui intéresse également l'industrie pharmaceutique et la recherche de médicaments. Rencontre avec Cyril Gilbert, cofondateur de l’entreprise Kimialys.
La Chemtech : Comment décririez-vous l'innovation portée par votre société ?
Cyril Gilbert : Kimialys est une entreprise spécialisée dans l'analyse et le diagnostic in vitro, au service de la détection de molécules biologiques. Nous valorisons une technologie créée par mon associée Claude Nogues, lorsqu'elle était chargée d'équipe à l'ENS Paris Saclay.
Il s'agit d'un traitement chimique que l'on applique sur des capteurs qui peuvent être des nanoparticules, des puces, ou des électrodes par exemple. Ces capteurs doivent être constitués d'or, un matériau fréquemment utilisé pour la détection de molécules biologiques.
Ce traitement innovant permet de fiabiliser les analyses, d'améliorer les performances en termes de sensibilité, de spécificité, de reproductibilité, de répétabilité, quel que soit l'échantillon biologique. Il permet aussi de réaliser des analyses jusque-là interdites par les limitations technologiques.
Quels sont les marchés que vous pouvez adresser ?
C. G. : Kimialys s'appuie sur cette technologie brevetée pour déployer deux offres principales. Nous proposons d’une part des nanoparticules d'or élaborées avec ce traitement chimique. Celles-ci sont synthétisées et traitées en interne, puis proposées aux développeurs de tests diagnostiques, notamment ceux qui nécessitent de meilleures performances que celles offertes par les nanoparticules d'or classiques utilisées sur le marché. Nos nanoparticules sont également utilisées dans l'industrie pharmaceutique dans le cadre d'extraction de protéines et d'anticorps en phase de recherche de médicaments, où la spécificité de capture est un réel enjeu.
Le second volet de notre offre s’appuie sur l’application de notre traitement chimique sur des puces recouvertes d’or, puces déjà utilisées de manière routinière par l’industrie pharmaceutique en phase de recherche de médicaments. En utilisant ces puces traitées dans des instruments dédiés dont nous sommes équipés, nous proposons aux laboratoires pharmaceutiques des services d’analyses pour la sélection et la caractérisation de leurs biomolécules, avec un niveau de fiabilité et de possibilités d’analyses inégalé.
En matière de diagnostic possible, notre technologie s'ouvre à de nombreux domaines comme les maladies infectieuses, la toxicologie, ou encore la sécurité agroalimentaire. Sur le plan du développement thérapeutique, les traitements concernés peuvent être des anti-allergènes, des traitements contre des maladies neurodégénératives par exemple. À noter que ce traitement chimique innovant peut être décliné sur d'autres matériaux que l’or tout en gardant les mêmes performances. Ces autres possibilités représentent pour notre entreprise de futurs leviers de croissance.
Où en êtes-vous de votre développement ?
C. G. : La société a été créée en 2020. Elle est aujourd'hui constituée d'une équipe de 15 personnes, dont 10 évoluent en laboratoire et 5 sont dédiées aux fonctions marketing, commerciales, et de support. Nous sommes actuellement en phase d'industrialisation. Les trois quarts de nos clients se trouvent à l'étranger, en Europe et en Amérique du Nord principalement. Nous générons du chiffre d'affaires depuis 2022. En 2024, celui-ci va tripler par rapport à 2023, tant en commandes qu’en revenus.
Nous avons emménagé cette année dans la pépinière Paris Biotech Santé, au sein de l'hôpital Cochin, à Paris.
Notre innovation a largement fait ses preuves en laboratoire, ce qui nous permet désormais d'entrer dans des programmes d'industrialisation chez nos clients. En interne, nous sommes également en train de créer une ligne de production pour nos nanoparticules d'or traitées, afin de poursuivre notre développement à plus grande échelle et aboutir à des lots de production d’un litre et plus.
Quatre de nos collaborateurs travaillent actuellement à 100 % sur notre programme d'industrialisation. Nous bénéficions dans cette phase du soutien de France 2030, ce qui représente une aide de l'Etat non négligeable.
Quelles peuvent être les retombées et les perspectives de développement à plus long terme ?
C. G. : À l'heure actuelle, 47 % de la population mondiale n'ont pas accès au diagnostic, ce qui traduit un besoin fort dans ce domaine, avec des critères de coûts bas et de performances élevées. On sait par ailleurs qu'en 2050, les maladies chroniques seront la cause de plus de 85 % du nombre de décès dans le monde. Il y a donc également des perspectives de marché très importantes en termes de recherche et développement de nouvelles thérapies.
Toutes les solutions innovantes visant à mieux détecter, sélectionner et caractériser des molécules biologiques, comme celle proposée par notre chimie de surface, s'avèrent cruciales pour répondre à ces enjeux.
Avec notre seule offre actuelle, le marché adressable est déjà estimé autour d'un milliard d'euros.
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